Rose Perrin : $b roman
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petit-fils. Pour la sainte femme, Paris représentait la Babylone moderne où les garçons sans foyer perdent irrémédiablement leur foi, leur âme et leur santé. Elle s’était décidée, non sans peine, à quitter son manoir et la baie d’où elle avait vu partir pour la dernière fois son fils, le père d’Hervé, que l’Océan n’avait jamais rendu. Depuis, lentement, la cataracte s’était étendue sur ses pupilles qui avaient trop pleuré et pour la pauvre femme, l’éternelle nuit avait commencé. Telle qu’elle était, âgée, faible, aveugle, Mme de Kéravan s’était sentie de force à lutter contre les enchantements pernicieux de la capitale. Et de fait, durant ses années d’école, son petit-fils n’avait point goûté de plaisir plus vif que celui qu’il prenait auprès d’elle, les dimanches, lorsqu’il lui faisait la lecture, ou l’obligeait dans les beaux jours à sortir dans les avenues, à s’en aller à son bras, à petits pas, jusqu’au bois de Boulogne. C’étaient les jours de fête de l’aveugle. Et aussi de ce grand garçon qui savait qu’il était la joie, les yeux, la vie de l’infirme. A cause d’elle, il s’était tenu à l’écart des tentations de la vie parisienne et il avait gardé intacte son âme bretonne, inaccessible comme le granit de ses grèves, sentimentale et poétique comme ses vieilles légendes. Ayant lu la lettre hebdomadaire de la servante, les yeux d’Hervé tombèrent sur l’autre enveloppe qu’il avait sortie en même temps... C’était la lettre de la personne qui demandait un filleul. Il la relut avec soin, quelque chose dans le style simple, dans l’écriture souple, hardie, l’attirait. Il voyait tous ses camarades s’amuser à entretenir des correspondances plus ou moins sérieuses avec des soi-disant marraines, et l’idée ne lui était point venue de les imiter. Par principe, il s’écartait de ce qui pouvait devenir une occasion de dépense... Ce n’était pas tout que de correspondre. On faisait souvent connaissance au temps des permissions, et il devenait difficile de ne pas se laisser entraîner par ces marraines si séduisantes. Pourtant, celle-ci paraissait modeste... Le milieu de la lettre avec sa phrase naïve et pieuse le rassurait... cela ne lui paraissait pas si effrayant... --Si j’essayais? murmura-t-il. Un mouvement derrière lui le fit retourner. Il vit Hubert, assis sur son lit, qui le regardait. --Tu es rentré tard!... fit-il en bâillant, que dit-elle, ta princesse? --Que tout va bien. Mais, dis... mon vieux, parlons d’autre chose; cela ne te contrarie pas de me céder cette lettre que tu as reçue ce soir? --Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse? Toi ou un autre? Est-ce que je la connais, cette Blanche Perrin? --Rose... Rose Perrin! --Rose ou Blanche, je m’en moque! Écris-lui donc, on verra qui c’est.
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